Concept et technique personnelle

Claude-Henri CHOUARD

 

CONCEPT


Il s'inspire de la physiologie sensorielle, des sciences cognitives
et de ce que l'on sait depuis peu sur les mécanismes de l'émotion et du sens du beau.

 

La multiplicité des impressions visuelles à l'origine de l'émotion esthétique conduit à réunir celles-ci en une image plurielle.


Ce concept et la technique picturale que j'ai élaborée depuis 2002, sont nés
d'une
double nécessité :


Je cherchais les moyens donner à ma vision du monde une impression plus vraie que celle octroyée jusqu'ici par les différents modes picturaux des maîtres passés ou contemporains.Tous ces styles se définissent, en partie, en fonction des codes des diverses perspectives inventées depuis le début de la Renaissance :

-que ces codes autrefois aient été ignorés,

-ou qu'ils aient été, au XX° siècle, l'objet d'un refus s'exprimant à travers des modalités abstraite, cubiste ou autres.

Ces perspectives, à savoir un système de conventions et de proportions, qui tient compte de l'observateur en lui donnant un rôle essentiel, reflètent la liberté et le culte de l'individu nés avec la civilisation occidentale, pour laquelle chaque homme est précieux, parce qu'il est unique, c'est-à-dire irremplaçable.

 

J'ai imaginé une forme de perspective, qui tient davantage compte du spectateur.
Elle s'inspire, non plus de la camera obscura ou de la géométrie, mais de la physiologie sensorielle, des sciences cognitives et de ce que l'on sait depuis peu sur les mécanismes physiologiques

La sensation artistique, quelle qu'elle soit, est toujours le fruit - directement ou non - de stimulations récentes ou très anciennes. Elles proviennent de l'extérieur, c'est à dire de la réalité.

Ces stimulations peuvent être immédiates,

ou avoir été stockées dans notre mémoire.

Cependant, cette évocation est rarement unique :

Ces mouvements oculaires sont tellement présents qu'on peut les observer physiquement, mais aussi dans les rêves, ou dans l'imaginaire le plus abstrait.

Cette notion récente de la physiologie oculaire m'a incité à exprimer la multiplicité de ces sensations visuelles en les réunissant en une image plurielle.


C'est pourquoi ma peinture actuelle repose souvent sur une composition qui rassemble des œuvres multiples.

Je les ai peintes à des moments ou en des lieux parfois différents, parce que je pressentais qu'ensemble elles synthétiseraient mieux l'émotion que je voulais transmettre.

Chacune d'entre elles reflète d'une manière particulière une facette de cette réalité, que je regroupe pour leur donner un sens supra pictural plus général.


Ce concept est un des codes de ma peinture actuelle.


TECHNIQUE PERSONNELLE:

 

Ce concept, quand il inspire mon oeuvre d'aujourd'hui,

me conduit alors à peindre

en trois temps:

-1-d'abord, à partir de la sensation choisie, création de plusieurs images exécutées avec divers médium classiques (papier, toile ou carton; aquarelle, huile ou acrylique);

-2-ces éléments sont disposés en une composition, en subissant si nécessaire des additifs ou des transformation picturales diverses. Cette composition est ensuite transposée sur toile, grâce à des modalités originales qui assurent sa pérennité.

-3-Puis de nouvelles images peintes lui sont surajoutées.

 

Cette transposition sur toile m'a conduit à définir un médium artistique nouveau :

 

la pictographie

J'ai créé ce néologisme en 2003, en raison de l'analogie qu'il y a entre les "calques" de certains logiciels, et les pierres de la lithographie, dont chacune est de tracé et de ton différents.

Mais la pictographie se flatte d'avoir des tirages beaucoup plus limités, car, au contraire de la litho, chacune des pictos d'un même tirage s'enorgueillit d'avoir une esthétique, dont l'harmonie est différente de celle de toutes les autres.

C'est cette originalité qui fait tout l'intérêt de la pictographie. Elle en limite considérablement le nombre. En pratique, je dépasse rarement dix exemplaires.

Car, contrairement aux reproductions lithographiques ou photographiques, ces pictographies, même si elles présentent entre elles quelques similarités, restent des œuvres uniques.