Le traitement postural

Le traitement postural ne va pas faire disparaitre un ronflement sévère.
Mais il peut longtemps effacer un ronflement modéré.
Il peut aussi parachever un traitement chirurgical insuffisant .

Le traitement postural implique un conditionnement du couple. Car l'aide du conjoint est essentiel pour débusquer le bruit nocturne, puis aider l'autre à atténuer cette nuisance sonore, en suivant pour cela certaines règles bien précises.

D'abord, il est indispensable que le ronfleur comprenne l'utilité de dormir sur le ventre. Quelques notions pratiques et anatomiques doivent être précisées. D'abord, ne pas dîner trop copieusement le soir, ou alors attendre deux ou trois heures pour se coucher que l'estomac, ayant terminé ou presque sa tâche, soit redevenu à peu près plat; car dormir sur un ventre un peu gonflé n'est pas agréable, surtout quand on débute.

Il faut ensuite trouver une position confortable pour les trois articulations qui vont être le plus étonnées de ce nouveau mode de repos, le cou et les épaules.
Le cou ne doit pas être trop tordu: un jeu de petits oreillers permet de caler la tête en bonne situation; le front doit reposer sur un coussin ou sur le bras replié.
Mais la bouche et le nez, pour que la respiration soit aisée, ne doivent pas s'écraser sur le drap.
Les bras doivent être placés de manière à ne pas tourmenter les épaules, tout en permettant aux mains de venir contribuer au maintien de la tête.

L'essentiel est d'obtenir que la bouche soit située nettement plus bas que la nuque, afin d'être sûr que le voile du palais, devenu hypotonique dans le sommeil, parte bien en avant, loin de la paroi postérieure du pharynx : il faut donc, en dormant, regarder la terre, ou, plus prosaïquement, humer le drap du dessous. Si celà est réalisé, il n'est pas indispensable d'être tout à fait sur le ventre, et dans cette mesure on peut trouver des compromis, qui permettent théoriquement, aux sujets ayant déjà un peu d'embonpoint, d'envisager cette technique.

Peu importe également que la bouche soit ouverte ou fermée. De toutes manières, les organes qui la composent, mâchoire, langue, joues, etc., sont, eux aussi en dormant sur le ventre, projetés en avant par leur poids, et laissent ainsi en arrière l'axe respiratoire parfaitement libre. Cette position en decubitus ventral présente en outre l'avantage d'être la plus silencieuse, c'est à dire la moins asphyxiante, quand il existe une obstruction nasale; dans ce cas en effet la respiration est entièrement buccale, mais cette projection en avant des parties molles de la bouche écarte les parois de celle-ci, et dégage le trajet aérien : sans turbulence, l'air peut ainsi passer librement de manière presque complètement insonore. Le moindre rhume, qui d'habitude aggrave énormément un ronflement, sera dans cette posture beaucoup mieux supporté.

Mais, psychologiquement,
cette nouvelle position pour dormir doit être considérée comme une obligation salvatrice.
Le ronfleur doit redouter l'anoxie, et il doit donc se répéter cette obligation en s'endormant, comme un leit motiv autopersuasif : "Je dois dormir sur le ventre ... je dois dormir sur le ventre...".

En outre, il lui faut instaurer entre lui et sa femme un code nocturne et secret destiné entre eux à l'avertir avec certaines précautions qu'il s'est remis à ronfler. En effet, au début de ces efforts, l'organisme va très vite, malgré ses bonnes résolutions, reprendre l'habitude de dormir sur le dos ou sur le côté. Il faut donc trouver un moyen d'en avertir le subconscient de manière suffisamment précise pour que celui ci remette automatiquement le corps endormi dans la bonne position - couché sur le ventre - sans que ce déplacement amène le réveil et l'émergence au conscient.


Bien sûr, au début, c'est difficile : dormir sur le ventre quand on n'en a pas coutume présente bien des inconvénients ; les bras se tordent, les épaules se coincent. On trouve mal sa respiration, surtout après un bon diner. Et puis, l'oreiller ou le drap souvent obstruent la bouche ou le nez, avant qu'on ait pu trouver une position à peu près viable. Enfin, peu à peu, le sommeil vient. On s'endort. Mais quelques instants ou quelques heures plus tard, on se réveille. On est à peine conscient. On est sans doute un peu sur le côté, car on se rend progressivement compte qu'on est soumis depuis quelques minutes, (ou quelques secondes ?), lentement, mais régulièrement, à la pression précise sur l'épaule d'un doigt compatissant mais ferme. Soudain, on s'en rappelle la signification : "Tu es en train d'étouffer, tu ronfles, tu asphyxies ! Remets-toi doucement sur le ventre". Aussitôt, on se souvient. Le réflexe conditionné entre en jeu. Avec reconnaissance et application on se retourne en bonne position ; le signal cesse immédiatement, et le sommeil revient.

Et progressivement se prend une nouvelle habitude. S'endormir sur le ventre n'est plus un problème. Cette position peu à peu devient la plus reposante, et même peut-être la plus agréable : la face antérieure du corps étant, quelles que soient nos habitudes, sûrement la plus érogène, la forte pression de notre poids sur ces zones entraîne leur excitation au moindre de ces mouvements nombreux, souvent involontaires, que nous avons en nous endormant, ou pendant notre sommeil. Tout ceci est, à notre insu, source d'une multitude de plaisirs, qui concourent à notre équilibre psychique. Avec le dos on ne sent presque rien ! Avec le ventre on perçoit tout !

Ce n'est pas pour rien que, lors de grandes détresses, nous nous réfugions instinctivement dans cette position. Ne peut-on trouver aussi dans cette explication l'origine du geste d'adoration des diacres qui, devant être ordonnés prêtres, se couchent face contre terre ?

Mais l'emploi de ce traitement postural est en pratique rarement capable à lui seul de faire disparaitre le ronflement, notamment chez les obèses et les arthrosiques.

Pourtant dans certain cas il est utile, lorsque les autres traitements n'ont pas été complètement efficaces. Son effet mécanique, quand il parvient à dégager l'axe aérien en utilisant la force de la pesanteur, est comparable à l'attelle pneumatique du masque en pression positive continue. Lorsque l'effet du traitement chirurgical est insuffisant, on doit le proposer si l'index apnéique n'oblige pas à faire appel à ce masque, car il peut rendre presqu'insonore un opéré demeuré trop bruyant.

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